Mercredi 25 juillet 1990
Il n’est pas encore 7 heures du matin et je suis déjà sur la route de Vic-Fezensac où je compte prendre mon petit déjeuner car j’ai quitté l’hôtel sans avoir pu l’obtenir. Ni d’ailleurs l’addition. Je leur ai laissé ma carte de visite …
Temps clair, un peu de brume à l’horizon, il va faire encore très chaud aujourd’hui. Je marche sur la D150 direction Sud-Ouest. On est mercredi. Si tout va bien, j’arriverai peut-être à Pau vendredi soir, ce qui me permettra de retirer le courrier qui doit m’attendre à la Poste.
Voici le soleil qui se lève à son tour de la colline voisine, une grosse boule orange, coiffée de quelques blanc nuages. La journée ne se terminera pas sans orage …
Encore un château, il y en a des dizaines par ici dans le Gers, cachés derrière les arbres, nombreux eux aussi dans la région. Leur ombre dense et douce m’a souvent été propice. Jolie perspective que cette allée de cèdres multi-centenaires aboutissant au château de Bonas avec, tout au fond à droite, entre trois cyprès, l’humble chapelle romane au clocher carré.
Je viens de traverser la Baïse près d’un vieux moulin abandonné. Belle rivière avec son bief très ancien déplacé par les crues successives et par l’âge. Un deuxième pont enjambant l’un des bras de la rivière, affluent parallèle à de nombreux autres que j’aurai à traverser : Auloue, Baïse, Osse, Guiroue, Auzoue, Douze, Riberette, Midour, … autant de jolis noms d’obstacles en escalier à longer quelque temps avant de pouvoir les franchir.
J’entends parfois un bruit qui ressemble à un coup de feu, mat et flou, proche de la route. En fait, ce sont des pièges placés dans les champs de maïs ou les vignobles qui éclatent par moments comme d’inoffensifs pétards, probablement pour éloigner les oiseaux … Mais je n’ai pas réussi à savoir comment ils étaient mis à feu. Comme je n’ai vu aucun oiseau, je pense que ce sont plutôt des pièges à cons, à moins qu’ils n’appellent la pluie !
Midi et quart, ouf ! Je vais marcher jusqu’à 13 heures. Je mets mon dictaphone dans mon sac et en avant, advienne que pourra ! Si je tombe, réveillez-moi…