69. Dans l'ordre des choses

Lundi 28 mai 1990

Il est un peu plus de 8 heures. L’Ardèche est une belle région. Il y a toutes sortes de visites et d’excursions à faire par ici. Il y a même un petit train panoramique de Courpière à Ambert et Arlanc mais il n’entrera en fonction qu’au mois de juillet. Je l’aurais bien pris … Dans tous ces bourgs et villages, il y a quelque chose à voir. La Chaise-Dieu, avec un parc zoologique important qui abrite même des lions. Beaucoup de chevreuils et de sangliers par ici, et toutes sortes de musées : celui de la papeterie, celui des anciennes machines agricoles et à vapeur, un musée de la dentelle aussi, quelque part par là. Je m’arrêterai à Issoire où je trouverai sûrement des informations intéressantes sur l’histoire et la géographie de ces lieux.

Je vais passer par Saint-Jean-des-Ollières, dans la montagne. Je prendrai la petite route D53 à La Vie (bien joli nom) à 4 km d’ici, pour rejoindre ensuite Sauxillanges par le bas, après quelques bonnes grimpettes.

J’ai fait de nouveau un rêve compliqué cette nuit: … ? … Gil (je crois) me demandait de l’argent, devant tout le monde, comme s’il s’agissait de quelque chose de naturel bien que nous ayons divorcé. Elle me le répéta à plusieurs reprises … alors que j’étais avec d’autres personnes dont je ne me rappelle plus très bien les visages ni l’identité. Nous nous étions retrouvés chez des gens qu’apparemment nous connaissions tous les deux, mais différemment. Plusieurs jeunes femmes s’occupaient là de choses et d’autres, elles nous avaient accueillis séparément, je ne sais pour quelle raison … Je me demandais combien je pourrais lui donner, ce dont elle avait besoin, ce qu’elle attendait de moi, mais je n’en avais aucune idée. C’est sûrement la patronne de l’hôtel qui m’a fait rêver d’elle, car elle me servit à table et me montra ma chambre avec de beaux sourires et d’émouvants regards. Mais elle préféra envoyer sa serveuse-servante-bègue-parlant-du-nez pour apporter la tisane que je commandai un peu plus tard, et ce fut son mari qui me servit le petit déjeuner. Elle était du signe des poissons. Encore ! (Après tout, il s’agissait peut-être d’Anne-Caroline !)

Il faudra que je reprenne bientôt contact avec mon répondeur ; peut-être marche-t-il de nouveau. Je vais téléphoner à Gil qui, c’est sûr, se demande où je suis, et à mes fils qui doivent tenter de me suivre dans mon itinéraire. Je ferai tout cela à Issoire ce soir ou demain matin. Je compte bien y arriver en fin de journée mais il me reste encore une trentaine de kilomètres et je ne sais pas combien de temps je m’arrêterai en chemin.

Je téléphonerai aussi à Véronique. Si elle n’a pas reçu ma carte postale, elle doit vraiment se demander ce que je deviens (elle avait projeté de me rejoindre avec Jean à Vézelay). J’ai aussi toutes ces cartes postales à écrire, pour ceux qui savent que je suis en vadrouille, quelque part en doulce France. J’ai reporté à chaque fois, ne me sentant pas d’attaque pour la correspondance après l’étape quotidienne, là trop enclin à dormir !

«Salut, toi». Je viens de dire bonjour à un beau chien qui depuis un moment me suivait à la trace, sans aboyer pour une fois. Il est plus intelligent que les autres, lui …

Je disais que chaque fois qu’arrive le soir, je ne pense qu’à une chose, une succession de choses, toujours dans le même ordre : prendre une douche, me changer, boire, manger et dormir jusqu’au lendemain matin, pour repartir de pied ferme.

Je vais tout de même m’arrêter un peu pour reprendre mon souffle et remettre mon sac en ordre, laver tout mon linge et reprendre contact avec le monde sédentaire.

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