75. Avis de recherche

Lundi 28 mai 1990

Des automobilistes commencent à me faire signe, de leur volant. Le climat change, on va vers le Sud, même si des voitures vont vers le Nord ; 71, c’est quel département déjà ? Ah oui, ça doit être la Saône-et-Loire. Je serais donc déjà … là !

Quelqu’un m’a dit tout à l’heure qu’un sac comme le mien était resté trois jours près du pont sans que personne ne vienne le chercher, on l’a finalement signalé aux gendarmes qui sont venus voir mais pas trace de son propriétaire. Peut-être qu’un jour on rapportera mon sac à la gendarmerie en déclarant : «Voilà, on a trouvé ce sac au bord de la route, ça fait bien deux ou trois jours qu’il est là. D’abord on ne l’a pas touché, pensant que son propriétaire reviendrait le chercher mais on ne l’a pas vu, on ne sait pas où il est, alors on a pensé qu’il valait mieux vous l’apporter. – Bon, qu’est-ce qu’il y a dans ce sac ? – Ah, on ne sait pas, on l’a pas ouvert».

Alors un représentant de la force publique, prenant son initiative à deux mains commencerait à déballer et trouverait mon adresse : Henry Pasteur, 46 boulevard Voltaire, 75011 Paris. On téléphonerait, mais on tomberait sur le répondeur. Ah zut, comment faire ? On chercherait un autre P. et ce serait Laurent qui répondrait : «Oui, oui, c’est mon père – Et bien on a retrouvé son sac mais lui, on ne sait pas où il est. Pouvez-vous nous donner son signalement, on va faire des recherches. – Oui, bien sûr, il a 65 ans, il marche depuis Paris, donc il doit être en bonne forme. Il a un collier de barbe, il est blond avec des moustaches, les yeux bleus, mais peut-être devrais-je venir moi-même sur place ? – Non, non, vous ne pourriez rien faire de plus, mais soyez assuré que nous ferons tout pour le retrouver. Avait-il des ennemis, avait-il reçu des menaces ? – Pas à ma connaissance. – Bon, bon, dès qu’on apprendra quelque chose, on vous préviendra.» – Merci, donnez-moi un numéro de téléphone afin que je puisse vous joindre».

«Ah là là, qu’est-ce qui lui est encore arrivé à Henry ! C’est grave, il faut faire quelque chose ! dirait Hélène. – Non, dirait Laurent, il doit être quelque part – Oui mais il n’aurait pas laissé son sac, il aurait téléphoné. – Bon je vais le chercher, mais avant… »

«Allo Jérôme, Henry a disparu. – Non ? – Oui, depuis trois jours, on ne sait plus où il est, la gendarmerie vient de me téléphoner, préviens Olivier.»

«Olivier ? Ton père a disparu. – C’est une blague ! – Non, non, je t’assure, la gendarmerie a téléphoné à Laurent, ils ont retrouvé son sac au bord de la route près d’Issoire, mais lui on ne sait pas où il est. – Bah, il a dû oublier où il l’avait laissé. – Non, écoute, c’est sérieux, ils font des recherches, qu’est-ce qu’on fait, nous ? – Ben … un commando, oui c’est ça, rendez-vous dans dix heures à Macon devant la gare avec la 304, on s’habille comme sur la photo de la place Vendôme …»

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