88. Commémoration

Mardi 5 juin 1990

Départ de Barjac à 9 heures Toujours cette petite pluie fine mais qui pour l’instant ne me mouille pas trop. J’ai mis mon parka sur le sac pour le protéger. Il est temps que j’arrive chez Françoise, cette pluie a l’air de vouloir durer. Des touffes de brouillard se dissolvent doucement mais le ciel très couvert empêche de les absorber entièrement.

Par chance, le camping était ouvert, j’ai donc pu m’y installer confortablement, entre le Lot et la voie de chemin de fer qui joint Marvejols et Mende, tout à côté de la route. Ce camping est le meilleur que j’ai rencontré jusqu’ici. D’abord il est très bien situé, je n’ai pas eu des kilomètres à faire pour l’atteindre. C’est un lieu de séjour privé mis à la disposition des pêcheurs et des caravaniers, habitués de longue date, reconverti en lieu de séjour touristique. La ferme d’à côté m’a vendu un litre de lait frais. «C’est plus comme avant» m’a dit le propriétaire. «J’ai ouvert pour la Pentecôte parce que quelques fidèles y viennent, des pêcheurs surtout qui trouvent parfois des truites de belle taille dans le Lot, l’un d’eux en a retiré une vingtaine dans la journée.»

Au bord de la route, une croix, un monument : le 15 août 1944 sont morts pour la France… 16 personnes en tout, des résistants probablement. Le 15 août, n’était-ce pas à ce moment-là que le Général Leclerc est entré à Paris avec sa 2e DB ? Qui s’en souvient encore, qui le rappelle ? Parmi ceux qui passent en jetant un coup d’œil distrait du côté de ce cénotaphe aux fleurs fanées ? Les résistants n’ont pas leurs noms inscrits sur les flancs des monuments aux morts de villages, pourquoi ? Tous ces morts pour la France … pour quelle France ?

Partager cette page Share