Dimanche 12 août 1990
Enfin un bon chemin tranquille sur les crêtes et dans la bruyère, loin du bruit. J’ai laissé mes compagnons partir devant, ils sont jeunes, ils marchent vite mais ils s’arrêtent plus souvent et plus longtemps, nous nous retrouverons bientôt.
Nous sommes le dimanche 12 août, il est 7 heures du matin, et nous sommes partis de Villafranca il y a une demi-heure environ. Pour atteindre Burgos, trois itinéraires étaient possibles, nous avons choisi celui du milieu, le plus court semble-t-il, bien qu’un peu plus raide au départ.
C’est que je n’ai plus mon souffle ni mes jambes de 20 ans et dans les montées, je souffre. Mais avec mes longues enjambées, mon rythme lent et constant, je finis par rattraper les intempestives ardeurs des plus jeunes partis à toute allure. Et ce matin, ce sont deux des trois jeunes filles qui se sont lancées les premières pour bien montrer qu’elles n’avaient rien à envier à la gente masculine. Derrière suivent les hommes qui s’arrêteront de marcher quand elles le feront aussi. Le monde n’irait-il pas mieux s’il était conduit par des femmes ?
La benjamine du groupe, celle qui veut toujours être la première et qui connaît le chemin mieux que quiconque, s’est arrêtée pour prendre une photo du soleil levant, splendide boule rouge à moitié cachée derrière un nuage flou, entre les pins. Belle image banale qu’on retrouve sur tous les calendriers, mais pour elle c’est magique et rare. Les autres se sont arrêtés aussi et attendent le signal du départ. J’en ai profité pour m’éloigner du groupe et marcher seul à mon rythme. Quatre jeunes gens accompagnant deux jeunes filles qui déjà les mènent par le bout du nez…
San Juan de Ortega, bâtisseur de ponts et d’églises, fut l’adjoint de Santo Domingo vers 1150 ; il a donné son nom au village et à son église que nous a ouverte son gardien. Un pigeon en a profité pour entrer avec nous.
Burgos, il est 15 heures, il fait 35°C à l’ombre et il reste 20 km de faubourgs avant d’atteindre le gîte à l’autre bout de la ville.